trop scrupuleuse aux lois et à la justice, dans un temps où il fallait beaucoup donnera la politique et à l'humanité. Brutus lui répondit qu'il devait se souvenir de ces ides de mars où ils avaient tué César : non qu'il dépouillât et tourmentât lui-même personne, mais parce qu'il fermait les yeux sur ceux qui le faisaient sous son nom. « S'il est, ajouta-t-il, des prétextes honnêtes de violer la justice, il valait encore mieux souffrir les injustices des amis de César, que de conniver à celles des nôtres. L'indifférence sur les premières n'eût passé que pour défaut de courage ; mais, en tolérant celles de nos amis, nous encourons le soupçon de complicité, et nous partageons les périls auxquels ils s'exposent. » Tels étaient les principes d'après lesquels Brutus se conduisait.
36. Ils se disposaient à quitter l'Asie, lorsque Brutus eut un signe extraordinaire. Il aimait à veiller ; et, autant par une suite de sa sobriété que par goût pour le travail, il ne donnait que très peu de temps au sommeil. Une dormait jamais le jour, et la nuit même il ne prenait quelque repos que lorsque tout le monde était couché, et qu'il n'avait plus rien à faire, ni personne avec qui il pût s'entretenir. Depuis surtout que, la guerre étant commencée, toutes les affaires roulaient sur lui, et qu'il avait