Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/219

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toujours l'esprit tendu sur ce qui pouvait arriver, il se contentait de dormir un peu après son souper, et passait le reste de la nuit à expédier les affaires les plus pressées. Lorsqu'il les avait finies de bonne heure, et qu'il lui restait du temps, il l'employait à lire jusqu'à la troisième garde[18], heure à laquelle les centurions et les autres officiers avaient coutume d'entrer dans sa tente. Lors donc qu'il se disposait à partir d'Asie avec toute son armée, dans une nuit très obscure, où sa tente n'était éclairée que par une faible lumière, pendant qu'un silence profond régnait dans tout le camp, Brutus, plongé dans ses réflexions, crut entendre quelqu'un entrer dans sa tente. Il tourne ses regards vers la porte, et voit un spectre horrible, d'une figure étrange et effrayante, qui s'approche et se tient près de lui en silence. Il eut le courage de lui adresser le premier la parole : « Qui es-tu ? lui dit-il, un homme ou un dieu ? que viens-tu faire dans ma tente ? que me veux-tu ? - Brutus, lui répondit le fantôme, je suis ton mauvais génie ; tu me verras dans