Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/226

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adieu. Messala le pria à souper pour le lendemain, jour de sa naissance.

Dès que le jour parut, on éleva dans le camp de Brutus et dans celui de Cassius la cotte d'armes de pourpre, qui était le signal de la bataille ; et les généraux s'abouchèrent au milieu de l'espace qui séparait les deux camps. Cassius, prenant le premier la parole : « Brutus, dit-il, fassent les dieux que nous remportions la victoire, et que nous vivions heureux ensemble le reste de nos jours ! Mais comme les événements qui intéressent le plus les hommes sont aussi les plus incertains, et que si l'issue de la bataille trompe notre attente, il ne nous sera pas facile de nous revoir, dis-moi ce que tu choisiras de la fuite ou de la mort. - Cassius, lui répondit Brutus, lorsque j'étais encore jeune et sans expérience, je composai, sans trop savoir pourquoi, un long discours philosophique, dans lequel je blâmais Caton de s'être donné la mort ; je disais qu'il n'était ni religieux, ni digne d'un homme de cour, de se soustraire à l'ordre des dieux, et au lieu de recevoir avec courage tous les événements de la vie, de s'y dérober par la fuite. Notre situation présente me fait penser autrement. Si la divinité ne nous accorde pas un heureux succès, je