Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/228

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dans le camp ; car une maladie avait obligé le général d'en sortir. Ses soldats ne s'attendaient pas à une bataille ; ils croyaient seulement que les ennemis viendraient charger les travailleurs, et tâcher à coups de traits de les mettre en désordre : ne songeant pas aux troupes qu'ils avaient devant eux. ils s'étonnaient du bruit qu'ils entendaient autour des tranchées, et qui venait jusqu'à leur camp. Cependant Brutus, après avoir fait passer à ses capitaines des billets qui contenaient le mot du guet, parcourait à cheval tous les rangs, et animait ses troupes à bien faire. Le mot du guet ne fut entendu que d'un petit nombre de soldats ; la plupart, sans même l'attendre, allèrent impétueusement à la charge en poussant de grands cris. Le désordre avec lequel ils chargèrent mit beaucoup d'inégalité et de distance entre les légions. Celle de Messala d'abord, ensuite les autres, outrepassèrent l'aile gauche de César, dont elles ne firent qu'effleurer les derniers rangs, où elles massacrèrent quelques soldats : en poussant toujours en avant, elles arrivèrent au camp de César, qui, peu d'instants auparavant, comme il le dit lui-même dans ses Commentaires, venait de se faire transporter ailleurs, d'après un songe qu'avait eu un de ses amis, nommé Marais Antonius, et dans lequel il lui avait été ordonné