Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/462

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obtenir la permission de s'échapper mais n'ayant pu le séduire, il ne laissa pas de lui faire des présents, et lui demanda le temps de se raser : il l'obtint, et prit un rasoir, avec lequel il se coupa la gorge.

3. Othon, après avoir donné au peuple une satisfaction si juste, oublia tout ressentiment particulier. Pour complaire à la multitude, il ne refusa pas d'abord d'être appelé Néron sur les théâtres ; il n'empêcha pas même quelques Romains de relever publiquement des statues de cet empereur ; et Claudius Rufus rapporte que les diplômes impériaux envoyés en Espagne, pour les commissions des courriers, portaient ce beau nom de Néron joint à celui d'Othon : mais voyant le déplaisir qu'en avaient les principaux et les plus honnêtes citoyens de Rome, il cessa de le prendre.

Othon commençait ainsi à établir son empire, lorsque les soldats lui donnèrent des sujets d'inquiétude, en l'exhortant sans cesse à se tenir sur ses gardes, à se défier des citoyens les plus distingués, à les éloigner de sa personne, soit que par affection ils craignissent réellement pour ses jours, soit qu'ils ne cherchassent qu'un prétexte pour causer de la sédition et du trouble. L'empereur ayant donné ordre à Crispinus