Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/463

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de lui amener la dix-septième cohorte, qui était en garnison à Ostie, et cet officier ayant commencé, avant le jour, à faire charger les armes sur des chariots, les plus audacieux d'entre les soldats se mirent à crier que Crispinus n'était venu que pour de mauvais desseins ; que le sénat méditait quelque changement, et que ces armes étaient non pour César, mais contre César. Ces propos animent et irritent le plus grand nombre : les uns arrêtent les chariots, les autres massacrent deux des centurions, et Crispinus lui-même, qui s'opposait à cette violence ; et tous, prenant leurs armes, s'encouragent mutuellement à voler au secours de l'empereur, et marchent droit à Rome. Ils apprennent, en arrivant, que quatre-vingts sénateurs soupent chez l'empereur ; et sur-le-champ ils se portent au palais, en disant que l'occasion était favorable pour tuer d'un seul coup tous les ennemis de César.

La ville, qui se voyait menacée du pillage, était dans la plus vive inquiétude ; on courait çà et là dans le palais, et Othon lui-même se trouvait dans une grande perplexité, tremblant pour ces sénateurs, qui ne le redoutaient pas moins lui-même. Il les voyait sans