Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

citoyens qui en étaient sortis avec leurs femmes et leurs enfants y rentraient à la suite du triomphateur ; et ceux qui, assiégés dans le Capitole, s’étaient vus sur le point de mourir de faim, allaient au-devant d’eux. Ils s’embrassaient les uns les autres ; ils versaient des larmes de joie, et osaient à peine croire à un bonheur si inespéré. Les prêtres des dieux et les ministres des temples, portant les choses sacrées qu’ils avaient ou enterrées avant de prendre la fuite, ou emportées avec eux, offraient aux Romains le spectacle le plus touchant, et qu’ils avaient le plus désiré ; ils éprouvaient autant de plaisir que si les dieux eux-mêmes fussent rentrés dans Rome pour la seconde fois. Camille, après avoir offert des sacrifices et purifié la ville, avec les cérémonies dont des hommes versés dans la connaissance des rites religieux lui dictaient les formules, rétablit les anciens temples, et en bâtit un nouveau au dieu Aiüs Locutius, au lieu même où Marcus Céditius avait entendu la nuit cette voix divine qui lui annonçait l’arrivée des Barbares.

[31] Ce ne fut pas sans peine et sans fatigue que l’on retrouva les emplacements des anciens temples ; il ne fallut pas moins, pour y parvenir, que la constance de Camille et les recherches laborieuses des prêtres. XL. Mais quand il fut question de rebâtir la