une ample provision de torches ; et dès que le jour a paru, il met son armée sur pied. Il ordonne à un corps de troupes d’aller, du côté opposé au sien, assaillir l’ennemi à coups de traits en jetant de grands cris ; pour lui, il se poste, avec ceux qui doivent lancer les feux, à l’endroit d’où le vent avait coutume de souffler, et attend le moment favorable. Déjà l’attaque était commencée de l’autre côté, lorsqu’au lever du soleil, le vent s’étant mis à souffler avec violence, Camille donna le signal aux siens, qui firent pleuvoir dans les retranchements une grêle de traits enflammés. Le feu ayant pris aisément à ces pieux serrés les uns contre les autres et garnis de grands arbres, l’incendie se communiqua rapidement à toute l’enceinte. Comme les Latins n’avaient à leur disposition rien qui pût l’éteindre ou en arrêter les progrès, et que tout leur camp était déjà en proie aux flammes, ils se serrèrent d’abord dans un espace étroit ; mais, forcés bientôt d’en sortir, ils tombèrent entre les mains de leurs ennemis, qui étaient rangés en bataille devant les retranchements. Il n’en échappa qu’un très petit nombre ; ceux qui restèrent dans le camp furent presque tous consumés par les flammes : enfin les Romains éteignirent le feu pour piller.
[35] XLVI. Camille, laissant à son fils Lucius la garde des prisonniers et du butin, entre aussitôt