Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur les terres des ennemis, prend la ville des Èques, force les Volsques de se rendre ; et ignorant le malheur de Sutrium, qu’il croyait toujours assiégée par les Toscans et seulement en danger d’être prise, il marche en diligence à son secours. Mais les Sutriens venaient de rendre la ville aux ennemis, qui les avaient renvoyés avec un seul vêtement. Réduits à la dernière misère, ils furent rencontrés par Camille, eux, leurs femmes et leurs enfants, qui tous déploraient leur infortune. Camille fut vivement touché de leur état ; et voyant que les Romains, attendris jusqu’aux larmes par les prières des Sutriens, ne pouvaient contenir leur indignation, il résolut de ne pas différer d’un instant la vengeance, et de les mener le jour même à Sutrium. Il jugea que des troupes qui venaient de prendre une ville si riche et si puissante, où elles n’avaient pas laissé un seul ennemi, et qui n’en attendaient pas de dehors, n’auraient songé qu’à se divertir, et ne seraient pas sur leurs gardes. Sa conjecture se trouva vraie : non seulement il traversa, sans être aperçu, le territoire de Sutrium, mais il arriva aux portes de la ville, et se saisit des murailles avant que les Toscans fussent informés de sa marche. Ils n’avaient mis nulle part de sentinelles ; répandus dans les maisons, ils ne pensaient qu’à se réjouir et à faire bonne chère.