Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/325

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n’avaient pas peu contribué à sa gloire ; en effet, nous ignorons même le nom de la mère de Nicias, de celles de Démosthène, de Lamachus, de Phormion, de Thrasybule et de Théramène, tous personnages illustres et ses contemporains ; et il n’est personne qui ne sache que la nourrice d’Alcibiade, qui était Lacédémonienne, s’appelait Amycla, et que Zopyre fut son gouverneur. Antisthène a parlé de la première, et Platon de l’autre. Peut-être devrais-je m’abstenir de parler de sa beauté, ou me contenter de dire qu’en ayant conservé tout l’éclat dans son enfance, dans sa jeunesse et dans l’âge viril, il fut aimable à toutes les périodes de sa vie ; car il n’est pas vrai, quoi qu’en dise Euripide, que tous les hommes beaux le soient encore dans leur automne. Cet avantage peu commun, Alcibiade le dut aux belles proportions de son corps et à son heureuse constitution. On dit qu’il grasseyait un peu en parlant, et que ce défaut, qui chez lui était un agrément, donnait à ses discours une sorte de grâce naturelle et entraînante. Aristophane parle de ce grasseyement dans des vers où il plaisante Théorus :

Le fils de Clinias me dit en bégayant :
Regarde Théolus : sa tête a l’apparence
De celle d’un corbeau. Pour cette fois vraiment
Le fils de Clinias a mieux dit qu’il ne pense