Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/326

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— Archippus dit aussi, en se moquant du fils d’Alcibiade :

Voyez de ce garçon la démarche indolente ;
Voyez flotter les plis de sa robe traînante.
À son père il se pique en tout de ressembler,
Il est son vrai portrait, sa plus fidèle image,
Et, sur le moindre point cherchant à l’égaler,
Il allonge le cou, contrefait son langage.

II. Quant à ses mœurs, elles furent souvent inégales, et éprouvèrent de fréquentes variations ; suite naturelle des grandes circonstances où il se trouva, et des vicissitudes de sa fortune. De cette foule de passions vives et ardentes auxquelles il était sujet, celle qui domina le plus en lui fut une ambition démesurée, un amour de la supériorité qui s’annonça dès l’enfance, comme le prouvent les traits qu’on en rapporte. Un jour qu’il s’exerçait à la lutte, vivement pressé par son adversaire, et sur le point d’être renversé, il le mordit à la main, et lui fit lâcher prise : « Tu mords comme une femme, lui dit celui-ci. — Non, repartit Alcibiade, mais comme un lion. » Une autre fois, étant encore fort jeune, il jouait aux osselets dans une rue étroite. Comme il était en tour de les jeter, il voit venir une charrette chargée. D’abord il crie au conducteur d’arrêter, parce qu’il allait passer à l’endroit même où il devait, jouer. Cet homme grossier ne l’écoutant pas et avançant