Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Cet homme, interdit à cette proposition, se retirait déjà, lorsqu’Alcibiade cria de loin aux archontes : « Ecrivez mon nom ; cet homme est de mes amis, et je suis sa caution. » Les fermiers se trouvèrent eux-mêmes fort embarrassés ; accoutumés à payer avec le produit du second bail les arrérages du premier, et ne voyant pas d’autre expédient, ils offrent de l’argent à cet homme pour l’engager à se désister. Alcibiade ne voulut pas qu’il reçût moins d’un talent ; ils le donnèrent, et Alcibiade, content de lui avoir procuré ce bénéfice, lui permit de retirer sa parole.

VII. Quoique Socrate eût dans sa tendresse pour Alcibiade des rivaux nombreux et puissants, souvent néanmoins il prenait le dessus dans le cœur de ce jeune homme, dont le bon naturel cédait à des discours qui le touchaient vivement, et qui portaient dans son âme une telle émotion, qu’ils lui faisaient verser des larmes. Quelquefois aussi, séduit par ses flatteurs, qui lui procuraient sans cesse de nouveaux plaisirs, il échappait à Socrate, qui courait alors après lui comme après un esclave fugitif ; car il était le seul qu’Alcibiade craignît et respectât, tandis qu’il se moquait de tous les autres. Aussi Cléante disait-il que Socrate ne tenait Alcibiade que par les oreilles ; et que