Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/333

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ses rivaux avaient, pour le saisir, plusieurs autres moyens que ce philosophe ne voulait pas employer, la bonne chère et les plaisirs. En effet, Alcibiade se laissait facilement entraîner à la volupté ; et ce que Thucydide rapporte de son intempérance et de sa vie licencieuse ne donne que trop lieu de le penser. Mais les corrupteurs de sa jeunesse, le prenant surtout par son ambition et par son amour pour la gloire, le poussaient prématurément à de grandes entreprises, et lui persuadaient qu’aussitôt qu’il se serait mêlé des affaires publiques, non seulement il effacerait la gloire de tous les généraux et de tous les orateurs d’Athènes, mais qu’il surpasserait encore la puissance et la réputation dont Périclès lui-même jouissait dans la Grèce. Le fer amolli par le feu acquiert de la force et de la densité lorsqu’on le trempe à froid ; de même Alcibiade, amolli par les délices et plein de vanité, n’était pas plus tôt entre les mains de Socrate, que ce philosophe, le fortifiant par ses discours, le faisait rentrer en lui-même, le rendait humble et modeste, en lui montrant combien il avait de défauts, et à quelle distance il était de la vertu. À peine sorti de l’enfance, il entra un jour dans l’école d’un grammairien, et lui demanda un livre d’Homère. Le grammairien lui ayant répondu