Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/346

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et leur dit qu’ils ne sont venus que dans de mauvaises vues. Le sénat partage toute son indignation, le peuple s’irrite ; et Nicias, qui ignorait la fourberie. d’Alcibiade, demeure surpris et consterné du changement des ambassadeurs.

XVII. Ils furent donc renvoyés ; et Alcibiade, nommé général, fit conclure sur-le-champ un traité d’alliance entre les Athéniens et les peuples d’Argos, de Mantinée et d’Élide. On ne saurait approuver le moyen qu’il employa dans cette occasion ; mais ce fut un grand coup d’avoir ainsi divisé et ébranlé tout le Péloponnèse ; d’avoir, en un seul jour, rassemblé à Mantinée un si grand nombre de troupes contre les ennemis ; d’avoir éloigné d’Athènes les dangers de cette guerre, et réduit les Lacédémoniens à ne pouvoir tirer aucun avantage réel de la victoire, et à trembler pour Sparte même, s’ils étaient vaincus. Après la bataille de Mantinée, les mille hommes de troupes que les Argiens entretenaient formèrent le projet d’abolir le gouvernement populaire, et de soumettre la ville aux Lacédémoniens, qui, arrivant alors fort à propos, parvinrent à le détruire. Mais bientôt le peuple ayant repris les armes, et s’étant rendu le plus fort, Alcibiade, qui survint dans cette conjoncture, lui assura la victoire,