Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/349

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XIX. À la vérité, ses largesses envers le peuple, ses dépenses excessives pour donner à la ville des spectacles et des jeux dont on n’eût pu surpasser la magnificence ; la gloire de ses ancêtres, le pouvoir de son éloquence, la beauté de sa personne, sa force de corps, son courage, son expérience dans la guerre, et tant d’autres qualités brillantes, faisaient supporter patiemment toutes ses fautes aux Athéniens, qui, toujours indulgents pour lui, les déguisaient sous des noms favorables, et les appelaient des traits de jeunesse, des écarts d’un bon naturel. Par exemple, il tint renfermé chez lui le peintre Agatharcus, jusqu’à ce qu’il eût peint sa maison ; après quoi il le renvoya comblé de présents. Un jour, il donna un soufflet à Tauréas, qui voulait rivaliser avec lui dans les jeux, et lui disputer la victoire. Il prit pour sa maîtresse une jeune Mélienne qui se trouvait parmi les prisonniers de guerre, et éleva l’enfant qu’il eut d’elle. Voilà ce qu’on appelait des traits d’un bon naturel. Il n’en fut pas moins cependant la principale cause du massacre de tous les jeunes Méliens, en consentant au décret qui l’ordonna. Le peintre Aristophon ayant peint Néméa qui tenait Alcibiade entre ses bras, tout le peuple accourut pour voir ce tableau, et le considérait avec plaisir ; mais les gens âgés ne