Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/94

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leurs enfants qui ramenaient leur maître nu et lié, en le frappant de verges, et appelant Camille leur dieu, leur sauveur et leur père. À cette vue, non seulement les pères de ces enfants, mais tous les autres citoyens, pénétrés d’admiration pour Camille, ont unanimement le même désir de s’en rapporter à sa justice. Ils s’assemblent sur-le-champ, et lui envoient des députés pour se remettre à sa discrétion. Camille renvoie à Rome les ambassadeurs, qui, admis dans le sénat, dirent que les Romains, en préférant la justice à la victoire, leur avaient appris à préférer eux-mêmes leur défaite à leur liberté ; et qu’ils se reconnaissaient plutôt vaincus par la vertu des Romains qu’inférieurs à eux en puissance. Le sénat les ayant renvoyés au jugement de Camille, il se contenta d’exiger des Falisques quelques contributions ; et après avoir fait alliance avec ces peuples, il reprit le chemin de Rome.

[11] Les soldats, qui avaient compté sur le pillage de Faléries, et qui s’en revenaient les mains vides, ne furent pas plutôt rentrés dans Rome, qu’ils décrièrent Camille comme un ennemi du peuple, qui avait envié aux citoyens pauvres un moyen légitime de s’enrichir.

XIV. Cependant les tribuns du peuple mirent encore en avant la loi pour le partage de la ville ; et déjà ils appelaient le peuple aux suffrages,