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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/306

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CATON.

ou d’autres effets de cette espèce, qu’on jette lorsqu’il sont rompus ou usés par le service. On doit s’accoutumer à être doux et humain envers les animaux, ne fût-ce que pour faire l’apprentissage de l’humanité à l’égard des hommes. Pour moi, je ne voudrais pas vendre même un bœuf qui aurait vieilli en labourant mes terres ; à plus forte raison je me garderais bien de renvoyer un vieux domestique, de le chasser de la maison où il a vécu longtemps, et qu’il regarde comme sa patrie, de l’arracher à son genre de vie accoutumé ; et cela pour une modique somme d’argent que je retirerais de la vente d’un homme, qui ne serait pas plus utile à celui qui l’aurait acheté, qu’à moi qui l’aurais vendu.. Mais Caton semblait en faire gloire ; et il dit lui-même qu’il laissa en Espagne le cheval qu’il montait à la guerre pendant son consulat, afin de ne pas porter en compte, à la république, ce que son passage par mer aurait coûté. Cette manière d’agir doit-elle être attribuée à magnanimité ou à mesquinerie ? J’en laisse la décision au jugement du lecteur.

IX. Dans tous le reste de sa conduite, il était d’une tempérance extraordinaire. Tant qu’il fut à la tête des armées, il ne prit jamais du public, pour lui et pour sa suite, plus de trois médimnes de froment par mois, avec un peu