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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/305

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CATON.

VIII. Le peuple d’Athènes, après avoir bâti l’Hécatompédon[1], renvoya toutes les bêtes de charge qui avaient travaillé à la construction de cet édifice, et les laissa paître en liberté tout le reste de leur vie. Un de ces animaux vint un jour, de lui-même, se présenter au travail ; il se mit à la tête des bêtes de somme qui traînaient des chariots à la citadelle, et, marchant devant elles, semblait les exhorter et les animer à l’ouvrage. Les Athéniens ordonnèrent, par un décret, que cet animal serait nourri jusqu’à sa mort aux dépens du public. Près du tombeau de Cimon, on voit encore la sépulture des juments qui lui avaient fait remporter trois fois le prix aux jeux olympiques. Plusieurs Athéniens ont fait enterrer les chiens qui avaient été comme nourris et élevés avec eux. Lorsque le peuple quitta la ville pour se retirer à Salamine, et que l’ancien Xanthippe s’embarqua avec les autres citoyens, son chien suivit à la nage la galère de son maître et expira en arrivant au rivage : Xanthippe le fit enterrer sur la côte, où l’on voit encore son tombeau, qu’on appelle Cynosema[2]. En effet, il ne faut pas se servir des êtres animés comme on se sert de souliers

  1. Voyez la Vie de Périclès, ch. XXI.
  2. Voyez la vie de Thémistocle, ch. XIII.