Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
CATON.

en Espagne plus de villes qu’il n’y avait passé de jour : et ce n’était pas une forfanterie, car il en avait réellement soumis quatre cents. Outre le butin considérable que ses soldats avaient fait dans ces expéditions, il leur distribua par tête une livre pesant d’argent, et dit qu’il valait mieux les voir s’en retourner tous avec de l’argent[1], qu’un petit nombre avec de l’or. Pour lui, il assure qu’il n’avait eu, de tout le butin fait à cette guerre, que ce qu’il avait bu et mangé. Ce n’est pas, disait-il, que je blâme ceux qui profitent de ces occasions pour s’enrichir ; mais j’aime mieux rivaliser de vertu avec les plus gens de bien, que de richesse avec les plus opulents, et d’avidité avec les plus avares. Non content de se conserver pur de toute concussion, il exigea la même exactitude de ceux qui dépendaient de lui. Il avait mené dans son gouvernement cinq esclaves, dont l’un, nommé Paccus, acheta trois jeunes enfants d’entre les prisonniers. Il sut que Caton en était instruit, et il aima mieux se pendre que de reparaître devant lui. Caton fit vendre les trois enfants et en mit le prix dans le trésor public.

XVI. Pendant qu’il était encore en Espagne,

  1. Environ 90 livres de notre monnaie.