Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/316

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le grand Scipion, qui était son ennemi, voulant arrêter ses succès et achever la guerre dans cette province, vint à bout de se faire nommer son successeur dans ce gouvernement. À peine nommé, il partit avec une diligence extrême, afin d’ôter à Caton, le plus tôt possible, le commandement de l’armée. Caton, en ayant été informé, prit cinq compagnies de gens de pied et cinq cents chevaux pour le conduire. En chemin faisant, il subjugua les Lacétaniens (04) et reprit six cents déserteurs, qu’il fit tous punir de mort. Scipion en ayant fait ses plaintes, Caton lui répondit, d’un ton d’ironie, que le vrai moyen d’augmenter la grandeur Rome, c’était que les nobles et les grands ne cédassent point aux citoyens obscurs le prix de la vertu ; et que les plébéiens, du nombre desquels il était, disputassent de vertu avec les citoyens les plus éminents en noblesse et en gloire. De plus, le sénat ayant ordonné qu’on ne changeât et qu’on ne remuât rien de ce que Caton avait réglé, ce gouvernement que Scipion avait tant brigué diminua plutôt sa gloire que celle de Caton ; car il passa tout son temps dans l’inaction et l’inutilité.

XVII. Caton, après avoir reçu les honneurs du triomphe, n’imita pas la plupart des généraux qui, combattant bien moins pour la vertu