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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/319

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CATON.

Albinus, qui avait écrit en langue grecque une histoire, dans laquelle il demandait pardon à ses lecteurs pour les fautes de langage qui pourraient lui échapper. « Il faut, en effet, les lui pardonner, disait Caton, s’il a été forcé, par un décret des amphictyons, de l’écrire en cette langue. » Les Athéniens, dit-on, admirèrent la précision et la vivacité du style de Caton ; car il avait dit en peu de mots ce que l’interprète rendit par un long circuit de paroles : enfin, après l’avoir entendu, ils restèrent persuadés que les paroles ne sortaient aux Grecs que du bout des lèvres, et qu’elles coulaient aux Romains du fond du cœur.

XIX. Antiochus, s’étant saisi du détroit des Thermopyles et ayant ajouté aux fortifications naturelles du lieu des retranchements et des murailles, se tint fort tranquille, persuadé qu’il avait, de ce côté-là, fermé tout accès aux Romains, qui eux-mêmes désespéraient de forcer jamais de front ces passages. Mais Caton, s’étant souvenu du détour qu’avaient pris autrefois les Perses pour entrer par-là dans la Grèce, partit de nuit avec une partie de l’armée. Quand il fut au sommet de la montagne, le prisonnier qui lui servait de guide, s’étant trompé de chemin, s’égara dans des lieux inaccessibles et remplis de précipices. Les soldats étaient dans la frayeur