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CATON.

cées au-dessous des rochers. Caton fait arrêter la marche et envoie dire aux Firmianiens (06) de venir seuls lui parler. C’étaient des soldats dont il avait toujours éprouvé l’ardeur et la fidélité. Ils accourent aussitôt et se rangent autour de lui. « Je voudrais, leur dit-il, prendre un des ennemis en vie, pour savoir de lui quelles sont ces gardes avancées, quel est leur nombre, la disposition et l’ordre de toute l’armée, et les préparatifs avec lesquels ils nous attendent. Cet enlèvement veut de la célérité et une audace de lions qui se jettent sans armes sur des animaux timides. » Il avait à peine fini, que les Firmianiens, s’élançant tels qu’ils sont du haut des montagnes, fondent à l’improviste sur les premières gardes, les chargent, les dispersent et enlèvent un soldat tout armé, qu’ils mènent à Caton. Il apprend de cet homme que le gros de l’armée est campé dans les détroits avec Antiochus et que les hauteurs sont gardées par six cents Étoliens d’élite.

XXI. Caton, méprisant leur petit nombre et leur sécurité, ordonne aux trompettes de sonner ; et, mettant le premier l’épée à la main, il marche à eux avec de grands cris. Dès qu’ils voient les Romains descendre des montagnes, ils prennent la fuite et gagnent leur camp, qu’ils remplissent de trouble et d’épouvante.