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CATON.

rations et passa sa vie dans une activité continuelle. Il fut, comme je l’ai dit, toujours en dispute avec le grand Scipion sur les affaires du gouvernement ; et il vivait encore au temps du jeune Scipion, petit-fils adoptif du premier et fils de ce Paul Émile qui vainquit Persée et les Macédoniens.

XXIII. Dix ans après son consulat, Caton brigua la censure[1]. Cette charge était le comble des honneurs et comme la perfection de toutes les dignités de la république : investie d’un très grand pouvoir, elle donnait surtout le droit de rechercher la vie et les mœurs des citoyens ; car les Romains ne croyaient pas qu’on dût laisser à chaque particulier la liberté de se marier, d’avoir des enfants, de choisir un genre de vie, de faire des festins ; enfin, de suivre ses désirs et ses goûts, sans être soumis au jugement et à l’inspection de personne. Persuadés que c’est dans ces actions privées, plutôt que dans la conduite publique et politique, que se manifestent les inclinations des hommes, ils avaient créé deux magistrats chargés de veiller sur les mœurs, de les réformer et de les corriger, afin que personne ne se laissât entraîner, hors du chemin de la vertu, dans celui de la volupté et n’aban-

  1. L'an de Rome 570.