Aller au contenu

Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
CATON.

donnât les institutions anciennes et les usages reçus. Ils prenaient l’un dans le corps des patriciens, l’autre parmi le peuple, et leur donnaient le nom de censeurs. Ces magistrats avaient le droit d’ôter le cheval à un chevalier romain, de chasser du sénat un sénateur, lorsqu’il menait une vie licencieuse : ils faisaient aussi l’estimation des biens des citoyens ; et, d’après le cens, ils distinguaient les familles et les divers états de la république. Cette charge avait encore d’autres prérogatives considérables.

XXIV. Aussi, lorsque Caton se mit au rang des candidats, les premiers et les plus distingués d’entre les sénateurs firent tous leurs efforts pour traverser sa nomination. Les patriciens s’y opposaient par un sentiment d’envie qui leur faisait regarder comme un affront pour la noblesse que des gens d’une naissance obscure parvinssent au plus haut degré d’honneur et de puissance. D’autres, qui avaient à se reprocher des mœurs corrompues et la transgression des lois anciennes, redoutaient l’austérité d’un homme qui serait dur et inexorable dans l’exercice de sa charge. Ayant donc réuni leurs forces et leurs intrigues, ils lui opposèrent sept compétiteurs, qui tous flattaient le peuple de belles espérances, comme s’il eût désiré d’être gouverné avec mollesse et par le seul appât du