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CATON.

trois d’imposition (07), afin que les riches, se sentant grevés par cette taxe, et voyant que les citoyens simples et modestes, quoiqu’ils eussent autant de bien qu’eux, payaient beaucoup moins au trésor public, se réformassent eux-mêmes. Il encourut donc la haine et de ceux qui se soumettaient à cette taxe pour ne pas renoncer au luxe, et de ceux qui renonçaient au luxe pour s’affranchir de l’impôt. La plupart des hommes croient qu’on leur enlève leurs richesses quand on les empêche de les montrer ; car ils ne les étalent jamais que dans le superflu, et non dans les choses nécessaires. Le philosophe Ariston s’étonnait qu’on regardât comme heureux les hommes qui possédaient des superfluités, plutôt que ceux qui avaient abondamment ce qui est nécessaire et utile. Un ami de Scopas le Thessalien lui demandait quelque chose dont il faisait peu d’usage, en lui disant que ce n’était rien de nécessaire ni d’utile. « Mais, lui répondit Scopas, c’est par ces choses inutiles et superflues que je suis riche et heureux. » Tant il est vrai que le désir des richesses ne vient pas d’une affection qui nous soit naturelle, et qu’il naît en nous d’une opinion vulgaire qui s’y glisse du dehors !

XXVII. Mais Caton, peu touché de toutes ces plaintes, n’en devint que plus rigide. Il