Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/341

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talent, l’avantage qu’il eut d’avoir pour auditeurs les plus distingués et les plus polis des Romains, firent le plus grand bruit dans Rome ; c’était comme un souffle impétueux qui retentit dans toute la ville : on disait partout qu’il était venu un Grec d’un savoir merveilleux, qui charmait et attirait tous les esprits, qui inspirait aux jeunes gens un tel amour de la science, que, renonçant à tout autre plaisir et à toute autre occupation, ils étaient saisis d’une sorte d’enthousiasme pour la philosophie. Tous les Romains en étaient dans l’enchantement et voyaient avec plaisir leurs enfants s’appliquer à l’étude des lettres grecques, et rechercher avec avidité ces hommes admirables.

XXXV. Mais Caton vit avec peine cet amour des lettres s’introduire dans Rome. Il craignit que la jeunesse romaine, tournant vers cette étude toute son émulation et toute son ardeur, ne préférât la gloire de bien parler à celle de bien faire et de se distinguer par les armes. Mais, lorsque la réputation de ces philosophes se fut répandue dans toute la ville, et que leurs premiers discours eurent été traduits en latin par un des principaux sénateurs, Caïus Acilius, à qui l’on avait demandé ce travail, et qui lui-même s’y était porté avec empressement, Caton pensa qu’il fallait, sous quelque prétexte

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