Aller au contenu

Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

claves pour en acheter de jeunes garçons ; et, après les avoir exercés et instruits aux frais de Caton, ils les revendaient au bout d’un an. Caton en retenait plusieurs qu’il payait au prix de la plus haute enchère. Il excitait son fils à ce commerce usuraire, en lui disant qu’il ne convenait tout au plus qu’à une femme veuve de diminuer son patrimoine : mais ce qu’il a dit de plus fort, et qui caractérise le plus son avarice, c’est que l’homme admirable, l’homme divin et le plus digne de gloire, était celui qui prouvait, par ses comptes, qu’il avait acquis plus de bien qu’il n’en avait eu de ses pères.

XXXIV. Caton était déjà vieux, lorsque Carnéade, philosophe académicien, et Diogène, de la secte stoïque, vinrent d’Athènes à Rome demander pour les Athéniens la décharge d’une amende de cinq cents talents[1], à laquelle les Sicyoniens les avaient condamnés par contumace, à la poursuite des habitants d’Orope (09). Ils furent à peine arrivés, que tous les jeunes Romains qui avaient du goût pour les lettres étant allés les voir en furent ravis d’admiration, et ne pouvaient se lasser de les entendre. La grâce de Carnéade, la force de son éloquence, sa réputation qui n’était pas au-dessous de son

  1. 2.5000.000 livres de notre monnaie.