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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/15

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et aux Muses grecques, il n'aurait pas terminé les belles actions qui l'avaient illustré dans la paix comme dans la guerre, par la fin la plus honteuse ; et sa colère, son ambition déplacée, son insatiable avarice, ne l'auraient pas jeté dans une vieillesse féroce, qu'il souilla par les plus grandes cruautés.

3. Il naquit de parents obscurs et pauvres, réduits à gagner leur vie du travail de leurs mains. Son père s'appelait, comme lui, Marius, et sa mère, Fulcinie. II ne vint pas de bonne heure à Rome, et ne connut que tard les mours et les usages de la ville. Il avait passé les premières années de sa vie dans un bourg de l'Arpinum, nommé Cerrétinum, où il menait une vie grossière, en comparaison de la politesse et de l'urbanité des villes, mais tempérante, et semblable à celle des anciens Romains. II fit sa première campagne contre les Celtibériens[1], pendant que Scipion l'Africain faisait le siège de Numance. Ce général eut bientôt reconnu dans Marius une grande supériorité de courage sur tous les autres jeunes gens ; il lui vit embrasser avec la plus grande facilité la nouvelle discipline que Scipion avait introduite dans des armées