Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/16

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corrompues par le luxe et par la mollesse. II combattit un jour un des ennemis à la vue de son général, et le tua. Scipion chercha depuis à se l'attacher en le comblant d'honneurs ; et un soir que Marius était à sa table, la conversation étant tombée, après le souper, sur les généraux de ce temps-là, un des convives, soit qu'il fût véritablement dans le doute, soit qu'il voulût flatter Scipion, lui demanda quel capitaine le peuple romain aurait après lui pour le remplacer. Scipion, qui avait Marius au-dessous de lui, le frappa doucement de la main sur l'épaule, en disant : « Ce sera peut-être celui-ci ; » tant ces deux hommes étaient heureusement nés, l'un pour annoncer dès sa jeunesse sa grandeur future, et l'autre pour conjecturer quelle fin aurait le début de ce jeune homme !

4. Ce mot de Scipion fut, dit-on, pour Marius comme une voix divine qui, l'élevant aux plus hautes espérances, le porta à se livrer à l'administration des affaires ; et la faveur de Cécilius Métellus, dont la maison avait toujours protégé la famille de Marius, le fit nommer tribun du peuple[2]. Pendant son tribunat, il proposa, sur la manière de donner les suffrages, une loi qui paraissait priver les nobles de l'influence qu'ils avaient dans les jugements. Le