Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/199

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roi des Numides. II avait recueilli des ambassadeurs de ce prince, qui s’étaient échappés des mains de brigands numides ; et, après les avoir traités avec la plus grande générosité, il les avait renvoyés, comblés de présents, sous une bonne escorte. Bocchus craignait et haïssait de longue main Jugurtha son gendre, qui, vaincu par les Romains, s’était réfugié chez lui. Résolu de le trahir, il appela auprès de lui Sylla, aimant mieux que ce fût lui qui le prît et le livrât aux Romains que de le leur livrer lui-même. Sylla, après avoir communiqué l’affaire à Marius, prit un petit nombre de soldats, avec lesquels il alla s’exposer au plus grand péril, en se confiant à un Barbare qui manquait de foi à ses plus proches ; et, pour retirer Jugurtha de ses mains, il alla s’y mettre lui-même. Quand Bocchus les vit l’un et l’autre en sa puissance, et qu’il se fut mis dans la nécessité de trahir l’un des deux, il flotta longtemps entre des résolutions opposées ; enfin, il se décida pour la première trahison qu’il avait projetée, et remit son gendre entre les mains de Sylla. A la vérité, ce fut Marius qui mena ce prince en triomphe ; mais, par l’envie qu’on portait au consul, on attribuait à Sylla la gloire d’avoir fait Jugurtha prisonnier. Marius en conçut un violent dépit, que la conduite de Sylla