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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/201

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les opérations militaires. Bientôt Sylla, à qui Catulus confia les entreprises les plus importantes, acquit autant de puissance que de réputation. Il soumit la plupart des Barbares qui habitaient les Alpes ; et, l’armée romaine ayant manqué de vivres, Sylla, chargé par Catulus du soin d’en procurer, en fit venir une si grande abondance, que les soldats de Catulus en eurent au-delà de leurs besoins et en fournirent à l’autre armée, ce qui, au rapport de Sylla lui-même, dans ses mémoires, mortifia beaucoup Marius. Ainsi leur haine, qui avait pris sa source dans des causes si faibles et si puériles, nourrie ensuite par les séditions, et cimentée du sang des guerres civiles, aboutit enfin à la tyrannie et au renversement total de la république. Cet exemple fait connaître la sagesse d’Euripide, et la profonde connaissance qu’il avait des maux politiques, lorsqu’il recommandait surtout d’éviter l’ambition, comme la peste la plus pernicieuse et la plus funeste à ceux qui s’y livrent.

V. Sylla, ne doutant point que la gloire qu’il avait acquise par les armes ne lui suffît pour prétendre aux dignités civiles, passa des emplois de l’armée aux brigues populaires, et se mit sur les rangs pour la préture de Rome ; mais il fut refusé. Il en attribue lui-même la