Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/21

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douleur, et il en donna une grande preuve dans une opération qu'il se fit faire. Ses jambes étaient pleines de varices, dont il supportait avec peine la difformité. Ayant donc appelé un chirurgien pour les lui couper, il lui présenta une de ses jambes sans vouloir qu'on la lui liât, et souffrit les douleurs cruelles que lui causèrent les incisions, sans faire aucun mouvement, sans jeter un soupir ; avec un visage assuré, et dans un profond silence ; mais quand le chirurgien voulut passer à l'autre jambe, il refusa de la lui donner, en disant : « Je vois que la guérison ne vaut pas la douleur qu'elle cause. »

7. Vers ce temps-là le consul Cécilius Métellus[3], ayant été chargé d'aller en Afrique faire la guerre contre Jugurtha[4], choisit Marius pour son lieutenant. Marius, qui vit dans cette expédition un vaste champ à de grands combats et à des actions glorieuses, n'eut garde, comme les autres lieutenants, de servir à l'élévation de Métellus et de travailler pour sa gloire. Persuadé que c'était moins Métellus qui l'avait choisi pour cet emploi, que la fortune elle-même, qui, lui ménageant l'occasion la plus favorable, l'avait placé sur un vaste