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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/22

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et magnifique théâtre, où il pourrait se signaler par les plus belles actions, il y déploya tout ce qu'il avait de talents militaires. Dans le cours de cette guerre, qui offrait les plus grandes difficultés, on ne le vit jamais ni craindre les travaux les plus rudes, ni dédaigner les fonctions les moins importantes. Supérieur à tous ses égaux en bon sens et en prudence pour tout ce qui pouvait contribuer à l'utilité commune, il disputait avec les simples soldats de patience et de frugalité, et il acquit ainsi la bienveillance de toute l'armée. C'est en général un grand soulagement dans les situations difficiles, que d'avoir des compagnons qui en partagent volontairement les peines, et qui semblent par là en ôter la contrainte et la nécessité. Il n'est pas, pour le soldat romain, de spectacle plus doux que de voir son général manger publiquement le même pain que lui, coucher sur une simple paillasse, et travailler avec lui à ouvrir une tranchée ou à fortifier un camp. Il estime bien moins les capitaines qui lui donnent de l'argent ou qui l'élèvent aux charges, que ceux qui s'associent à ses travaux et à ses dangers ; il aime qu'ils partagent ses fatigues, et non qu'ils le laissent vivre dans l'oisiveté. Marius, en suivant cette conduite, gagna l'affection de tous les soldats, et remplit bientôt l'Afrique