Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/210

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âge. Obligé, par cette raison, de renoncer aux dernières expéditions d’Italie, il recherchait alors, au-delà des mers, des guerres étrangères ; et, profitant de l’absence de Sylla, qui était retourné à son camp pour y terminer un reste d’affaires, il trama dans Rome cette sédition funeste, qui causa plus de maux aux Romains que toutes les guerres qu’ils avaient eues jusque alors à soutenir. Les dieux l’annoncèrent par divers prodiges. Le feu prit spontanément au bois des piques qui soutenaient les enseignes, et l’on eut beaucoup de peine à l’éteindre. Trois corbeaux apportèrent dans la ville leurs petits ; et, après les avoir dévorés en présence de tout le monde, ils en remportèrent les restes dans leurs nids. Des souris ayant rongé de l’or consacré dans un temple, les gardiens de cet édifice sacré en prirent une dans une souricière, où elle fit cinq petits et en dévora trois. Mais le signe le plus frappant, c’est que dans un ciel serein et sans nuages on entendit une trompette qui rendait un son si aigu et si lugubre, que tout le monde en fut dans la frayeur et la consternation. Les devins toscans, consultés sur ce dernier prodige, répondirent qu’il annonçait un nouvel âge qui changerait la face du monde ; qu’il devait se succéder huit races d’hommes