Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/214

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jouir Sylla, et qu’il se contenta de transférer à Marius seul le commandement de la guerre contre Mithridate. Il envoya sur-le-champ des tribuns des soldats à Nole pour y prendre l’armée de Sylla et la mener à Marius; .

IX. Mais Sylla l’avait prévenu, et il s’était sauvé dans son camp, où les soldats, instruits de ce qui s’était passé, lapidèrent les tribuns. Marius, de son côté, fit mourir à Rome les amis de Sylla, et livra leurs maisons au pillage. On ne voyait plus que des gens qui changeaient de séjour ; les uns fuyaient du camp à la ville, et les autres de la ville au camp. Le sénat, n’ayant plus aucun pouvoir, exécutait sans opposition les ordres de Marius et de Sulpicius. Lorsqu’on apprit que Sylla marchait vers Rome, les sénateurs lui envoyèrent deux préteurs, Brutus et Servilius, pour lui défendre de passer outre. Comme ils parlèrent à Sylla avec beaucoup de hauteur, les soldats voulurent les tuer ; mais ils se contentèrent de briser leurs faisceaux, de déchirer leurs robes de pourpre, et de les renvoyer, après leur avoir fait mille outrages. Quand on les vit revenir avec une tristesse morne, dépouillés des marques de leur dignité, leur vue seule annonça que la sédition allait éclater avec violence, et qu’elle était sans remède. Marius, de son côté,