Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chars partirent si lâchement et donnèrent avec tant de mollesse, que les Romains n’eurent aucune peine à les repousser, et qu’ils demandèrent avec de grands éclats de rire, comme à Rome dans les jeux du cirque, qu’on en fît venir d’autres. Alors les deux corps d’infanterie commencent l’attaque. Les Barbares, baissant leurs longues piques, serrent leurs rangs et leurs boucliers pour conserver leur ordre de bataille ; mais les Romains, jetant leurs javelots et prenant leurs épées, écartent leurs piques afin de les joindre plus tôt corps à corps. Cette audace leur fut inspirée par la colère qui les transporta quand ils virent aux premiers rangs quinze mille esclaves que les généraux de Mithridate avaient affranchis par un décret public dans les villes de la Grèce, et qu’ils avaient distribués dans l’infanterie pesamment armée ; ce qui fit dire à un centurion romain qu’il n’avait vu qu’aux saturnales les esclaves jouir des droits de la liberté. Cependant leurs bataillons étaient si profonds et si serrés, qu’ils soutinrent avec audace le choc de l’infanterie romaine, et qu’ils résistèrent beaucoup plus longtemps qu’on ne l’aurait attendu de gens de ce caractère. Il fallut faire venir la seconde ligue, qui les accabla d’une grêle si furieuse de