Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/264

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nombre des ennemis avait péri, partit le lendemain pour Antemna à la pointe du jour. En chemin, il reçut des hérauts de la part de trois mille des ennemis, qui se rendaient à lui et demandaient grâce. Sylla la leur promit, à condition qu’avant de venir le joindre, ils feraient aux ennemis quelque mal considérable. Ces trois mille hommes, comptant sur sa parole, se jetèrent sur leurs camarades, dont plusieurs se tuèrent les uns les autres. Mais Sylla, ayant rassemblé tous ceux qui étaient restés de ces trois mille hommes et des autres, jusqu’au nombre dé six mille, les fit enfermer dans l’hippodrome, et assembla le sénat dans le temple de Bellone. Il commençait à parler aux sénateurs, lorsque des soldats qui avaient reçu ses ordres, tombant sur ces six mille prisonniers, les massacrèrent. Les cris de tant de malheureux, qu’on égorgeait à la fois dans un si petit espace, devaient s’entendre au loin. Les sénateurs en furent effrayés ; et Sylla, continuant à leur parler avec le même sang-froid et le même air de visage, leur dit de n’être attentifs qu’à son discours, et de ne pas s’occuper de ce qui se passait au dehors ; que c’étaient quelques mauvais sujets qu’il faisait châtier. Ces paroles firent comprendre aux plus stupides des Romains qu’ils n’étaient pas affranchis de