Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/268

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des proscrits, et y trouva le sien. « Malheureux que je suis, s’écria-t-il, c’est ma maison d’Albe qui me poursuit. » Il eut à peine fait quelques pas, qu’un homme qui le suivait le massacra.

XXXII. Cependant Marius, ayant été pris, se donna lui-même la mort ; et Sylla, étant allé à Préneste, fit d’abord juger et exécuter chacun des habitants en particulier. Mais, trouvant ensuite que ces formalités lui prenaient trop de temps, il les fit tous rassembler dans un même lieu, au nombre de douze mille, et ils furent égorgés en sa présence. Il ne voulut faire grâce de la vie qu’à son hôte ; mais cet homme lui dit, avec une grandeur d’âme admirable, qu’il ne devrait jamais son salut au bourreau de sa patrie ; et, s’étant jeté au milieu de ses compatriotes, il se fit tuer avec eux. Lucius Catilina donna dans ces proscriptions un exemple inouï de cruauté. Avant que la guerre fût terminée, il avait tué son frère de sa propre main ; et quand Sylla eut commencé ses proscriptions, il le pria de mettre son frère au nombre des proscrits, comme s’il eût été vivant, ce que Sylla lui accorda volontiers. Catilina, pour reconnaître ce service, alla tuer un homme de la faction contraire, nommé Marcus Marius, et porta sa tête à Sylla, qui était dans la place