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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/274

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même qu’elle l’avait extrêmement flatté : car tout de suite il fit demander son nom, sa famille et son état. Dès ce moment, ce ne fut que des oeillades réciproques, que des regards continuels, que des sourires d’intelligence, qui se terminèrent par un contrat de mariage. En cela, peut-être, Valéria ne mérite point de reproches ; mais Sylla n’est pas excusable. Eût-elle été la plus honnête et la plus vertueuse des femmes, son mariage n’aurait pas eu pour cela une cause plus honnête : il s’était laissé prendre, comme un jeune homme sans expérience, à ces regards, à ces cajoleries, qui ordinairement allument les passions les plus honteuses.

XXXVI. La société d’une si belle femme ne l’empêcha point de continuer à vivre avec des comédiennes, des ménétrières, des musiciens, et de boire avec eux dès le matin, couché sur de simples matelas. Les personnes qui avaient alors le plus de crédit auprès de lui, c’étaient le comédien Roscius, l’archimime Sorix, et Métrobius, qui jouait les rôles de femme. Quoique celui-ci fût déjà vieux, Sylla l’aimait toujours, et n’avait pas honte de l’avouer. Cette vie de débauche nourrit en lui une maladie qui n’avait eu que de légers commencements. Il fut longtemps à s’apercevoir qu’il s’était formé dans ses entrailles un abcès qui, ayant insensiblement