se décidant pour la trahison qu'il avait d'abord projetée, il remit Jugurtha vif entre les mains de Sylla[6] : tel fut le premier germe de cette haine implacable et cruelle qui éclata bientôt entre Marius et Sylla, et qui manqua de renverser Rome. Ceux qui portaient envie à Marius attribuaient à Sylla la prise du roi de Numidie ; et Sylla lui-même avait fait graver un anneau, qu'il porta toujours depuis, et qui lui servait de cachet, où il était représenté recevant Jugurtha des mains de Bocchus : rien n'irritait tant Marius, l'homme le plus ambitieux et le moins disposé à partager avec un autre la gloire de ses actions. Sylla d'ailleurs était excité par les ennemis de Marius, qui affectaient de faire honneur à Métellus des premiers et des plus grands succès de cette guerre, et de mettre les derniers sur le compte de Sylla, qui avait eu la gloire de la terminer ; ils avaient pour but d'empêcher que le peuple n'admirât tant Marius, et ne le regardât comme le premier des capitaines romains.
11. Mais cette envie et cette haine, ces invectives contre Marius, furent bientôt assoupies et dissipées par le danger qui, du côté du couchant, vint menacer tout à coup l'Italie. Rome n'