Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/29

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eut pas plutôt senti le besoin qu'elle avait d'un général habile, et cherché des yeux quel était le pilote qui pouvait la sauver dans une guerre qui s'élevait sur elle comme une affreuse tempête, que voyant les citoyens des maisons les plus nobles et les plus riches refuser de se mettre sur les rangs pour demander le consulat, Marius, quoique absent, y fut nommé tout d'une voix[7]. À peine on savait à Rome la prise de Jugurtha, qu'on y porta la nouvelle de l'invasion des Teutons et des Cimbres. Tout ce qu'on rapportait du nombre et de la force de leurs armées parut d'abord incroyable ; mais ce qu'on disait se trouva bientôt au-dessous de la vérité. Ils étaient trois cent mille combattants, tous bien armés, et ils traînaient à leur suite une multitude beaucoup plus nombreuse de femmes et d'enfants, pour qui ils cherchaient des terres capables de nourrir cette multitude immense, et des villes où ils pussent s'établir ; car ils savaient qu'avant eux les Celtes avaient conquis sur les Toscans la contrée la plus fertile de l'Italie. Comme ces Barbares avaient peu de commerce avec les autres peuples, et qu'ils habitaient des pays très éloignés, on ignorait à quelles nations ils appartenaient,