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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/38

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que ce n'était qu'une feinte, dans laquelle Saturninus jouait assez adroitement son rôle ; mais le peuple, qui sentait que dans cette conjoncture on avait besoin de la capacité et de la fortune de Marius, lui décerna ce quatrième consulat[11], et lui donna pour collègue Catulus Lutatius, homme estimé des nobles, et qui n'était pas désagréable au peuple. Marius, informé que les ennemis approchaient, se hâta de repasser les Alpes ; et ayant placé son camp sur le bord du Rhône, il le fortifia, et le fournit d'une telle abondance de provisions de bouche que jamais la disette des vivres ne pouvait le forcer à combattre quand il n'y trouverait pas son avantage. Mais comme il fallait faire venir par mer toutes les provisions avec beaucoup de temps et de dépense, il trouva le moyen d'en rendre le transport prompt et facile. Les marées avaient rempli de vase et de gravier les embouchures du Rhône ; sa rive était couverte d'une bourbe profonde que les flots y déposaient, et qui en rendait l'entrée aussi difficile que dangereuse aux vaisseaux de charge. Marius, pour occuper son armée pendant ce temps de loisir, fit creuser un large fossé, dans lequel il détourna une grande partie du fleuve, et qu'il conduisit jusqu'