Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/54

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Cimbres le passage des Alpes, désespérant de garder ces défilés, et craignant, s'il était obligé de diviser son armée en plusieurs corps, qu'elle ne fût trop affaiblie, redescendit en Italie, et, mettant devant lui la rivière d'Abesis, il éleva des deux côtés de bons retranchements, afin d'en empêcher le passage, et bâtit un pont qui lui donna la facilité de couvrir les places qui étaient au delà du fleuve, si les Cimbres, après avoir franchi les détroits, allaient les attaquer. Mais ils méprisaient tellement leurs ennemis, et les insultaient si ouvertement, que sans aucune nécessité, et seulement pour faire parade de leur audace et de leur force, ils s'exposaient tout nus à la neige, grimpaient sur les montagnes, à travers des monceaux de neige et de glace ; et parvenus au sommet, ils s'asseyaient sur leurs boucliers, et glissant le long des rochers, ils s'abandonnaient à la rapidité de la pente sur le bord de précipices d'une profondeur effrayante. Quand enfin ils eurent transporté leur camp près de celui des Romains, et qu'ils eurent examiné comment ils pourraient passer la rivière, ils résolurent de la combler. Coupant donc, comme autrefois les géants, les tertres des environs, déracinant les arbres, détachant