Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/61

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de poussière, que les deux armées ne purent plus se voir. Marius, qui s'était avancé le premier avec ses troupes, pour tomber sur l'ennemi, le manqua dans cette obscurité ; et ayant poussé bien au delà de leur bataille, il erra longtemps dans la plaine, tandis que la fortune conduisit les Barbares vers Catulus, qui seul eut à soutenir tout leur effort avec ses soldats, au nombre desquels était Sylla. L'ardeur du jour et les rayons brûlants du soleil, qui donnait dans le visage des Cimbres, secondèrent les Romains. Ces Barbares, nourris dans des lieux froids et couverts, et endurcis aux plus fortes gelées, ne pouvaient supporter la chaleur ; inondés de sueur et tout haletants, ils se couvraient le visage de leurs boucliers, pour se défendre de l'ardeur du soleil ; car cette bataille se donna après le solstice d'été, trois jours avant la nouvelle lune du mois d'août, appelé alors sextilis. Ce nuage de poussière servit même à soutenir le courage des Romains, en leur cachant la multitude des ennemis ; chaque bataillon ayant couru charger ceux qu'il avait en face, ils en vinrent aux mains avant que la vue du grand nombre des Barbares eût pu les effrayer. D'ailleurs l'habitude du travail et de la fatigue avait tellement endurci leurs corps, que, malgré l'extrême chaleur et l'impétuosité