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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/66

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bien d'ailleurs, et très véridique, mais ennemi particulier de Marius, rapporte qu'il n'obtint son sixième consulat[14] qu'en faisant aux tribus des largesses considérables ; que l'ayant ainsi acheté à beaux deniers comptants, il réussit à en éloigner Métellus, et à faire nommer Valérius, moins pour consul que pour ministre de ses volontés. Jamais le peuple n'avait donné à personne avant lui autant de consulats, si ce n'est à Valérius Corvinus ; avec cette différence que, du premier consulat de Corvinus à son dernier, il y eut quarante-cinq ans d'intervalle, et que Marius, deux ans après son premier consulat, parcourut de suite les cinq autres, poussé d'un seul trait par la fortune. Mais dans ce dernier il devint l'objet de la haine publique, en se rendant complice des crimes de Saturninus, et en particulier du meurtre de Nonnius que ce scélérat massacra de sa main, parce qu'il était son concurrent au tribunat. Saturninus, devenu tribun, proposa pour le partage des terres une loi qui portait que le sénat viendrait jurer, dans l'assemblée du peuple, de ratifier ce que le peuple aurait ordonné, et de ne s'opposer à aucune de ses lois. Marius feignit, dans le sénat, de désapprouver cet article