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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/74

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Celui-ci se montra lent et irrésolu dans tout ce qu'il entreprit, cherchant toujours à différer : soit que, parvenu à plus de soixante-cinq ans, la vieillesse eût éteint son activité et sa chaleur ordinaires ; soit, comme il le disait lui-même, que des maux de nerfs dont il était travaillé l'empêchassent d'agir avec liberté, il ne soutint les fatigues de cette guerre, qui étaient au-dessus de ses forces, que par honte de rester oisif. Il ne laissa pas cependant de remporter une grande victoire, où il tua six mille hommes aux ennemis : dans toute cette guerre, il ne leur donna jamais aucune prise sur lui ; on eut beau l'environner de tranchées, l'accabler de railleries, le provoquer au combat, il fut toujours maître de lui-même. On dit à ce sujet que Popédius Silo[17], le premier des généraux ennemis en considération et en puissance, lui ayant dit un jour : « Marius, si tu es un si grand capitaine, viens combattre contre nous. - Et toi-même, lui répondit Marius, si tu es un si grand capitaine, force-moi de combattre malgré moi. » Une autre fois les ennemis lui ayant donné la plus belle occasion de les attaquer, et les Romains l'ayant manquée par timidité, Marius, après que les deux partis furent rentrés dans leurs camps, fit assembler ses soldats. «Je ne sais, leur dit-il, qui des ennemis ou