Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/73

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et que son rival ne dût son pouvoir dans le gouvernement qu'aux dissensions qu'ils avaient eues ensemble. Mais quand Bocchus, roi de Numidie, reconnu pour allié des Romains, eut consacré dans le Capitole des Victoires qui portaient des trophées, et auprès d'elles des images d'or qui représentaient Jugurtha remis par Bocchus entre les mains de Sylla ; Marius fut tellement outré de colère de voir Sylla lui enlever la gloire de ses exploits et se l'attribuer à lui seul, qu'il se disposait à employer la violence pour abattre ces monuments. Sylla, de son côté, s'opiniâtrant à les maintenir, la sédition allait éclater dans Rome, lorsqu'elle fut tout à coup réprimée par la guerre des alliés. Les nations les plus belliqueuses de l'Italie, celles dont la population était la plus nombreuse, s'étant liguées contre les Romains, et réunissait à la force des armes, à la multitude des troupes, l'audace et la capacité de leurs généraux, qui n'étaient en rien inférieurs aux plus grands capitaines de Rome, furent sur le point de renverser l'empire. Cette guerre, si féconde en événements, si variée dans ses succès, accrut autant la gloire et la puissance de Sylla qu'elle diminua celle de Marius.