Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/80

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son ennemi personnel, il avait averti ses matelots d'éviter cette ville. Ils auraient bien voulu faire ce qu'il désirait ; mais le vent ayant changé, et venant à souffler de la haute mer, il s'éleva une si furieuse tempête, qu'ils crurent que le vaisseau ne résisterait pas à l'effort des vagues. D'ailleurs, Marius se trouvant fort incommodé de la mer, ils gagnèrent avec peine le rivage de Circé. La tempête, qui devenait toujours plus violente, et le défaut de vivres les ayant forcés de descendre à terre, ils errèrent de côté et d'autre, sans avoir de but certain ; et, comme il arrive toujours dans les dangers pressants, ils cherchaient à éviter celui qui était présent, comme le plus redoutable, et mettaient leur espérance dans ce qu'ils ne connaissaient pas. La terre n'était pas pour eux moins dangereuse que la mer ; et s'ils avaient à redouter la rencontre des hommes, ils n'avaient pas moins à craindre, dans l'extrême disette où ils étaient, de n'en pas rencontrer. Enfin, sur le soir, ils trouvèrent des bouviers qui n'eurent rien à leur donner, mais qui, ayant reconnu Marius, l'avertirent de s'éloigner promptement, parce qu'ils venaient de voir passer plusieurs cavaliers qui le cherchaient. Privé de toute ressource, affecté surtout de voir ceux qui l'accompagnaient près de mourir de faim, il quitta le