Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/81

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grand chemin, et se jeta dans un bois épais, où il passa la nuit.

38. Le lendemain, cédant à la nécessité, et voulant avant que ses force fussent épuisées, les employer utilement, il se remit en chemin le long de la mer ; en marchant il encourageait les gens de sa suite ; il les exhortait à attendre encore une dernière espérance pour laquelle il se réservait, par la confiance qu'il avait eu d'anciens oracles. Il leur raconta qu'un jour, dans son enfance, pendant qu'il vivait à la campagne, il était tombé dans sa robe l'aire d'un aigle, qui contenait sept aiglons ; que ses parents, surpris de cette singularité, consultèrent les devins, qui leur répondirent que cet enfant deviendrait un des hommes les plus célèbres ; qu'il obtiendrait sept fois la première dignité de la république, et jouirait de la plus grande autorité. Les uns disent que ce prodige arriva réellement à Marius ; d'autres assurent que ceux qui le suivaient le lui ayant entendu raconter alors, et dans une autre de ses fuites, y ajoutèrent foi, et écrivirent ensuite ce récit, qui n'était qu'une fable de son invention, car l'aigle ne fait jamais plus de deux aiglons ; aussi accuse-t-on de mensonge le poète Musée pour avoir dit de cet oiseau :