Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/83

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contraires, répondirent enfin qu'ils ne trahiraient pas Marius. Les cavaliers s'étant retirés en leur faisant des menaces, les mariniers changèrent de sentiment, et gagnant la terre, ils allèrent mouiller près de l'embouchure du Liris dont les eaux, en se répandant hors de leur lit, forment un marais. Ils conseillèrent à Marius de descendre pour prendre de la nourriture sur le rivage et réparer ses forces épuisées par la fatigue de la mer, et d'attendre que le vent devînt favorable ; ce qui arrivait toujours à une certaine heure que le vent de mer venant à s'amortir, il s'élevait du marais un vent frais qui suffisait pour naviguer.

40. Marius les crut, et suivit leur conseil ; ils le descendirent donc sur le rivage, et il se coucha sur l'herbe, bien éloigné de prévoir ce qui devait lui arriver. Les mariniers, remontant aussitôt dans leur barque, lèvent les ancres et prennent la fuite ; ils avaient pensé qu'il n'était ni honnête de livrer Marius, ni sûr pour eux de le sauver. Abandonné ainsi de tout le monde, il resta longtemps couché sur le rivage, sans proférer une parole. Enfin, reprenant, non sans peine, son courage et ses forces, il prit des chemins détournés, où il ne marchait qu'avec beaucoup de fatigue. Après avoir traversé des marais profonds, des fossés